Diamporama image gauche
Diamporama image centre
Diamporama image droite

Bienvenue sur le site du collège Saint-Christophe

Enseignement catholique sous contrat d'association à Saint-Pierre et Miquelon

Accéder au portail e-sidoc du collège
Section sportive scolaire judo du collège
Chaîne Youtube du collège
Site de la colo de Langlade
Page Facebook du collège



Commémoration de la libération des camps - 27 janvier 1945

Mot introductif du Directeur

Durant la seconde guerre mondiale, les Nazis avaient décidé d’exterminer les juifs d’Europe.

Pour arriver à leur fin, dans toute l’Europe occupée, les Nazis ont fait la chasse aux Juifs. Ils furent rassemblés et envoyés, la plupart du temps, dans des conditions de totale inhumanité, parqués comme des animaux dans des wagons à bestiaux, sans eau, sans vivres, dans le froid, sans vêtements chauds et sans même le moindre confort pour simplement accomplir les besoins naturels; ils furent envoyés vers différents camps de concentration et d’extermination.

Auschwitz – Birkenau est l’un des principaux camps d’extermination, véritable usine de la mort.

On pourrait penser que ce temps de l’antisémitisme fait partie du passé, mais ce serait oublier qu’il y a seulement quelques jours de cela, parmi les 17 personnes assassinées par Al Quaïda il y avait 4 juifs qui ont été tués justement parce qu’ils étaient juifs.

C’est effrayant et le monde entier fut bouleversé par la mort de tous ces innocents mais pouvez-vous imaginer qu’à Auschwitz - Birkenau les Nazis ont exterminé plus d’un million de personnes. Si vous considérez la population de Saint-Pierre à 6000 personnes, c’est 170 fois la population de l’archipel que l’on a tué dans ce camp.

En tout, dans les différents camps d’extermination, c’est 6 millions de personnes que l’on a tué soit l’équivalent
de 1 000 fois la population de Saint-Pierre.

Au cours de cette période de totale inhumanité, des gens simples sont venus en aide aux juifs, en cachant les uns, en adoptant leurs enfants, en donnant le gîte et le couvert à des fuyards, en permettant que les personnes traquées puissent sortir de la zone d’influence des Nazis. On a appelé « Justes » ces personnes qui ont sauvé des juifs du Génocide. C’est le thème qui sera abordé dans la chanson qui sera interprétée par les élèves de 3eA, 3eB et 3e C.

Pour ces justes est créé à Jérusalem, le 19 août 1953, l’Institut Commémoratif des Martyrs et des Héros de la Shoah - YAD VASHEM-, un nom tiré du chapitre V du Prophète Isaïe :

« et je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un mémorial (Yad) et un nom (Shem) qui ne seront pas effacés »

3 328 justes sont officiellement reconnus et leurs noms sont affichés sur le "Mur des Justes d'entre les Nations".

En janvier 1945, il y a 70 ans de cela, les camps de concentration et d’extermination ont été libérés. Nous fêtons ce soixante-dixième anniversaire de la libération de ces êtres humains.

Un écrivain juif, Primo Levi, a relaté la vie dans les camps dans son livre « Si c’est un homme ».

Dans le passage que vous allez découvrir ci-dessous, il présente la sélection des prisonniers à leur arrivée au camp d’Auschwitz.

Il faut retenir que dans les deux livres saints du judaïsme et de l'islam : le Talmud et le Coran on retrouve cette maxime :

« Celui qui sauve une seule vie, sauve le monde entier ».

Repérez dans le chant des justes cette maxime qui s'exprime sous sa forme poétique :

« Celui qui sauve une étoile, éclaire l’univers tout entier. »

 

Je vous invite, maintenant à prendre connaissance du texte de Primo Lévi qui raconte son expérience à l'arrivée au camp d'Auschwitz :

" La portière s'ouvrit avec fracas; l'obscurité retentit d'ordres hurlés dans une langue étrangère, et de ces aboiements barbares naturels aux Nazis quand ils commandent, et qui semblent libérer une hargne séculaire. Nous découvrîmes un large quai, éclairé par des projecteurs. Un peu plus loin, une file de camions. Puis tout se tut à nouveau.

Quelqu'un traduisait les ordres : il fallait descendre avec les bagages et les déposer le long du train. En un instant, le quai fourmillait d'ombres; mais nous avions peur de rompre le silence, et tous s'affairaient autour des bagages, se cherchaient, s'interpellaient, mais timidement, à mi-voix.

Une dizaine de SS, plantés sur leurs jambes écartées, se tenaient à distance, l'air indifférent. A un moment donné, ils s'approchèrent, et sans élever la voix, le visage impassible, ils se mirent à interroger certains d'entre nous en les prenant à part, rapidement. "Quel âge ? En bonne santé ou malade ?" et selon la réponse, ils nous indiquaient deux directions différentes [...]

En moins de dix minutes, je me trouvai faire partie du groupe des hommes valides. Ce qu'il advint des autres, femmes, enfants, vieillards, il nous fut impossible alors de le savoir : la nuit les engloutit, purement et simplement. Aujourd'hui pourtant, nous savons que ce tri rapide et sommaire avait servi à juger si nous étions capables ou non de travailler utilement pour le Reich; nous savons que les camps de Buna-Monowitz et de Birkenau n'accueillirent respectivement que quatre-vingt-seize hommes et vingt-neuf femmes de notre convoi et que, deux jours plus tard, il ne restait de tous les autres - plus de cinq cents - aucun survivant [...]

Ainsi disparurent en un instant, par traîtrise, nos femmes, nos parents, nos enfants [...)

A leur place surgirent alors, dans la lumière des lanternes, deux groupes d'étranges individus. Ils avançaient en rang par trois, d'un pas curieusement empêtré, la tête basse et les bras raides. Ils étaient coiffés d'un drôle de calot et vêtus d'une espèce de chemise rayée qu'on devinait crasseuse et déchirée en dépit de l'obscurité et de la distance. Ils décrivirent un large cercle de manière à ne pas trop s'approcher, et se mirent en silence à s'activer autour de nos bagages, faisant le va-et-vient entre le quai et les wagons vides. Nous nous regardions sans souffler mot. Tout nous semblait incompréhensible et fou, mais une chose était claire : c'était là la métamorphose qui nous attendait. Demain, nous aussi nous serions comme eux."

 

"Chanson des Justes" de Yves Duteil.

Une gare au petit jour
dans le froid et la peur
et des soldats tout autour
qui hurlent des haut parleurs

les wagons refermés, comme un tombeau
des mains qui se tendent à travers les barreaux
mais leur appel est resté sans echo

on a compris bien trop tard
l'horreur qu'ils ont vécue
la bessure dans les regards
de ceux qui en sont revenus

les yeux couleur de cendre et de brouillard
des barbelés gravés dans leurs mémoires
mais dans le coeur un indiscible espoir

vivre un jour une heure là bas
c'est braver le silence
dépasser la mort d'un pas
devant ceux qui s'enivrent et dancent

dans ce voyage infernal
ou tant d'âmes ont sombré

celui qui sauve une étoile
éclaire l'univers tout entier

des lueurs que les justes ont allumées
la porte entrebaîllée dans l'escalier
sur le dernier refuge inespéré

au jardin du souvenir des cailloux sont posés
et les arbres ont beau fleurir
à chaque printemps retrouvé

peut-on un jour apprendre à pardonner
le désespoir, les larmes et les années
que jamais rien ne pourra effacer
que jamais rien ne pourra effacer.

 

Saint-Pierre et Miquelon

Collège Saint-Christophe, le mercredi 14 janvier 2015.

In memoriam